Voilà que s’apprête à sortir sur nos écrans un film assez extraordinaire qui convainc autant par ses qualités de cinéma que par la force de son message de nature politico-sociale.
DE FREITAS et LY, les deux réalisateurs d’A voix haute se sont immergés pendant quelques semaines dans une classe d’étudiants de Seine-Saint-Denis préparant Eloquentia, un concours annuel de prise de parole.
Au-delà de la dimension de compétition propre à ce genre d’exercice, les réalisateurs consacrent du temps à croquer avec tendresse et précision le portrait de chacun des postulants : A voix haute est, à ce titre, un fantastique catalogue des énergies de notre jeunesse : du kakou qui s’inscrit pour rigoler à la fille voilée lettrée qui admire Victor Hugo, de celui qui a survécu à la condition provisoire de SDF à celui qui considère que son père est le héros intergalactique de la résistance au cancer, de la minette qui veut devenir avocate à l’actrice en herbe qui se rêve brûlant les planches, chacune et chacun est un théâtre en soi, un bloc d’humanité avec toutes ses lumières et contradictions.
Faut-il préciser que cet échantillon de population jeune et métissé du 9-3 dégomme les clichés “cailleras” qui lui sont couramment associés ? DE FREITAS et LY n’oublient pas non plus les enseignants, de l’avocat au slameur, tous charismatiques et construisant une relation forte avec leurs élèves.
Ce que montre A voix haute – sans la béquille du commentaire et par les seules vertus de l’observation et du montage, c’est que la maîtrise de la parole “est une arme” comme le dit un des concurrents ; et plus qu’une arme, encore : un outil qui vous donne confiance en vous, vous pose dans la société, accorde votre esprit avec votre corps, votre intériorité avec l’extérieur, vous permet de faire valoir un point de vue et de dialoguer avec autrui.
On sort de là regonflé à bloc par tant d’intelligence, de sensibilité et de bonne volonté de part et d’autre de la caméra. Ce film devrait être projeté de force aux électeurs du FN et… remboursé par la Sécu : voilà un médicament puissant contre la maladie des préjugés et du repli identitaire.
(D’après « Les Inrocks », 07/04/2017)
Pour visionner la bande-annonce du film, cliquez ici ! Voir aussi ce très bon reportage de France 5.
Vous êtes désireux d’organiser vos idées, de faire passer à autrui les convictions qui vous habitent ? Contactez « Les mots pour le dire », et faites-en le coach de votre expression « à voix haute » !
