La vie propose parfois d’étranges coïncidences. C’est ainsi que « Les Mots… », votre Cabinet d’Ecriture, s’est trouvé, la même semaine, saisi de deux commandes biographiques étonnamment convergentes : dans les deux cas, il nous était demandé d’aider une famille à se replonger, le temps d’un petit ouvrage, dans la période congolaise vécue par certains de ses membres…

Le parallélisme ne s’arrêtait pas là : de fait, nos deux clients entendaient porter l’accent sur une décennie en particulier, celle précédant l’Indépendance du pays (survenue le 30 juin 1960) ! Une période aussi passionnante que troublée, comme on le sait, dès lors que le processus de décolonisation ne s’est évidemment pas déroulé sans heurts ni à-coups. Les innombrables Belges présents sur place en savent quelque chose, qui ont subi dans leur patrimoine et dans leurs chairs, pour certains, ces violences, à compter de 1958 en particulier.

En termes de méthode, la première de ces deux biographies peut sembler la plus « classique », puisqu’elle nous a conduit à rencontrer à quelques reprises la grand-maman de la commanditaire, dans son home ucclois. C’est dès lors à partir d’un récit de vive voix qu’a été entamée l’écriture, contant les tribulations africaines d’un architecte bruxellois prié par l’Etat belge de se rendre au Congo (accompagné de sa famille) pour y ériger des cités ouvrières en périphérie des principales agglomérations : Stanleyville (l’actuel Kisangani), d’abord, puis la capitale Léopoldville (devenue ensuite Kinshasa), à partir de 1955.

Dans le cas de la seconde biographie, ça n’est plus – en premier rang du moins, car notre commanditaire nous est d’une aide précieuse ! – une personne qu’il nous a fallu interroger, mais bien… une valise (!) remplie à ras-bord de correspondances échangées entre les membres d’une même « dynastie » ! S’agissant de cette mission, il n’était en effet plus question d’une seule famille nucléaire dont il se serait agi de conter l’expérience congolaise, mais véritablement d’une « tribu » dans sa globalité : de fait, on peut affirmer qu’un « arbre généalogique entier » (ou peu s’en faut) s’est – avec des durées variables – livré à cet exil africain, de la grande-tante au petit-cousin, de la grand-mère à la petite-fille, du père à l’oncle… Dans ce contexte, le fait de centrer le focus sur un couple et une décennie en particulier aura tenu d’une forme d’arbitraire, d’autres années antérieures et postérieures étant, pour leur part, simplement évoquées (par le double jeu du « prologue » et de « l’épilogue »).

Pour un aperçu de l’époque et de ses enjeux, voir ici un extrait du film « Lumumba », de Raoul PECK. Le passage rend compte avec clarté et pédagogie de cet incroyable geste d’audace qu’a posé Patrice LUMUMBA le 30 juin 1960 en faisant suivre – hors de tout ordre du jour protocolaire ! – le discours du Roi Baudouin – demeuré très paternaliste dans le propos – d’une dénonciation autrement plus rude des humiliations vécues, des décennies durant, par la population autochtone. Comme on sait, LUMUMBA payera de sa vie ce cri du coeur… Voir par ailleurs ici les images d’archives de ces mêmes faits.

 

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